Ajaccio et Napoléon

Quand vous avez la chance d’avoir un copain de classe qui est devenu l’un des spécialistes insulaires de Napoléon BONAPARTE, et qu’il a l’élégance de répondre favorablement à votre demande d’écrire un article pour le Magazine de votre site internet. Alors merci Philippe pour ton texte !

Ecrit par Philippe PERFETTINI

Animateur du Patrimoine de la Ville d’Ajaccio, auteur de « Napoléon, punk, dépressif…héros »

 

Sans Napoléon, Ajaccio ne serait rien ou presque. Sur son lit de mort, l’Empereur dira d’ailleurs : « Au reste, si je n’ai pu exécuter ce que je projetais pour la Corse, j’ai du moins la satisfaction d’avoir fait quelque chose pour Ajaccio (…) ».

Son incomparable destin ne lui fait pas oublier pour autant sa ville natale qu’il contribue à développer. Lorsque Napoléon arrive au pouvoir, Ajaccio n’est qu’un minuscule centre urbain étouffant derrière ses remparts et soumis à de multiples problèmes sanitaires. Impensable pour le berceau de l’homme qui va dominer l’Europe !

Ajaccio doit donc devenir une ville moderne et le nouvel urbanisme se développe suivant deux axes perpendiculaires : le cours Sainte-Lucie (aujourd’hui cours Napoléon) du nord au sud, et l’avenue du Premier Consul, prolongée par le Grand cours (aujourd’hui cours Grandval), s’étend d’est en ouest. Ce plan comprend également l’aménagement de la piazza del’Olmo (aujourd’hui place Foch) et de la place Bonaparte (aujourd’hui place de Gaulle), la destruction des remparts afin d’améliorer la circulation et la qualité de l’air, et enfin le captage des eaux de source pour alimenter la ville en eau potable de façon constante. 

Le grand chantier débute le 10 juin 1801. Les pierres des anciens remparts servent de remblais pour la place Bonaparte et la piazza del’Olmo prend forme, entourée de maisons à deux étages tandis que les premières habitations fleurissent sur le cours Sainte-Lucie. À partir de 1807, les travaux s’accélèrent : le séminaire devient tribunal et bibliothèque municipale, et la caserne Saint-François abrite le cadastre, les ponts et chaussées et la préfecture ; de nouvelles écoles intègrent la maison des Jésuites, les oratoires Saint-Philippe, Saint-Jérôme et Saint-Charles ; la construction d’une mairie, d’une caserne, d’un hôpital militaire, d’une maison pour le commandant de division est envisagée ainsi que l’aménagement d’un quai. Les années passent, Napoléon meurt en 1821 et tout le monde l’oublie à Ajaccio, mais…

En 1848, Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la République. Il deviendra Empereur, comme son oncle Napoléon Ier, le 2 décembre 1852 et portera désormais le nom de Napoléon III. Le Second Empire est une période faste pour Ajaccio car la ville va se transformer sous l’initiative des pouvoirs publics mais également grâce à l’investissement de quelques particuliers proches de l’Empereur. C’est à cette époque que le culte napoléonien prend tout son sens. Les places publiques sont décorées par des statues en l’honneur de la famille impériale, la maison Bonaparte est restaurée, le musée Fesch ouvre ses portes et la Chapelle impériale est enfin construite.

Mais le Second Empire est également synonyme d’explosion économique du fait du développement touristique. Effectivement, dès le début des années 1860, Napoléon III a pour ambition de faire d’Ajaccio une station balnéaire rivale des stations de la Côte d’Azur et de la Côte Basque. Il débarque à Ajaccio en septembre 1860 en compagnie de l’Impératrice Eugénie : « La Corse n’est pas un département comme les autres, c’est une famille, je suis venu pour étudier ses besoins et je serai heureux de les satisfaire ». 

Que reste-t-il aujourd’hui de cette promesse impériale et du souvenir des Bonaparte ? Ajaccio respire Napoléon, Ajaccio est Napoléon. Outre les noms de rues et de places, du cours Napoléon à la place d’Austerlitz, la statuaire publique honore son souvenir avec trois sculptures à son image (place d’Austerlitz, place de Gaulle, place Foch). Les lieux de mémoire sont innombrables : la grotte du Casone où il allait enfant, la cathédrale où il a été baptisé, la propriété familiale des Milelli etc… Mais surtout, il existe deux musées à Ajaccio : le Musée national de la Maison Bonaparte et, surtout, le Palais Fesch-musée des Beaux-arts. Le premier est le berceau de la famille impériale tandis que le second conserve la plus belle collection française de portraits de Napoléon et des siens. Et, bien entendu, il ne faut pas oublier, dans ce parcours déjà dense, la Chapelle impériale où sont inhumés les parents de Napoléon.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *